Les «dentelles de Malines», de tradition très ancienne, désignent une catégorie de dentelles et non uniquement celles qui sont exécutées dans cette ville. Le gros fil qui souligne le contour des motifs floraux permet de les reconnaître. Cette dentelle aux fuseaux à fils continus ne pouvait être faite qu’en bandes étroites, limitées par le nombre de fuseaux qu’une dentellière peut placer sur un coussin. Pour obtenir des pièces plus longues, des bandes étaient jointes par un «point de raccroc». Les fabriques de Malines furent mises à mal à la Révolution française. Difficiles à faire et onéreuses, ces dentelles connurent pourtant un regain de succès vers le milieu du XIXe siècle, pour disparaître complètement avant la fin du siècle. Généralement en fil de coton, elles adoptent à cette époque un style Empire, à motifs floraux répétés, souvent sur un semé de pois (ou de fleurs), dont on voit ici un bel exemple.

Mary Warocqué, la mère de Raoul, possédait de nombreuses dentelles, certaines héritées de ses ancêtres. Raoul fit exposer les plus belles dans une pièce au rez-de-chaussée du château. À la mort de sa mère, il en offrit plusieurs aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles dont le conservateur en chef de l’époque, Eugène van Overloop, était un spécialiste en la matière. Il avait été d’un précieux secours lors de l’inventaire et de la mise en valeur des dentelles des Warocqué.

Raoul Warocqué conservait dans ses collections un fragment des dentelles offertes aux Musées royaux d’Art et d’Histoire. Celle de Malines présentée ici a ainsi un pendant au musée bruxellois.

Si Mary Warocqué a acquis tant de belles dentelles, ce n’était pas seulement pour en faire collection: elle en agrémentait également ses toilettes. Ainsi, un élégant jabot en mousseline de soie finement plissée est orné de volants en dentelle de Malines présentant ce même motif. Plusieurs lettres de Mary Warocqué font part de ses hésitations au sujet de la toilette qu’elle allait porter lors de la réception du prince Albert à Mariemont, le 28 juin 1903, à laquelle étaient conviés plus de trois mille invités. Finalement, elle opte pour une robe en dentelle noire éclaircie d’un jabot blanc en dentelle de Malines. S’agit-il du même accessoire ?