En 1787, le duc Louis Philippe II d’Orléans (1747-1793) passa commande à la manufacture de Tournai d’un service décoré «aux oiseaux de Buffon». Il se composait de 1593 pièces, toutes différentes. Cette commande plaçait la manufacture au rang des plus importantes d’Europe. En raison du train de vie du duc et des troubles liés à la Révolution française (il fut guillotiné en 1793), le service ne fut jamais payé, du moins pas dans sa totalité, ce qui porta un grave préjudice à la manufacture. Il fut ensuite dispersé, un ensemble de 600 pièces ayant été acheté par le prince de Galles, futur Georges IV, en 1803 et 1806.

Le décor est en grande partie inspiré des volumes consacrés aux oiseaux de l’Histoire naturelle (1770-1783) du savant comte de Buffon (1707-1788). Les concepteurs du décor ont cependant également puisé à d’autres sources. Les insectes qui ornent les médaillons sont, en revanche, pour la plupart nés de l’imagination des peintres.

Ce service émerveille par la finesse et la variété de ses décors: chaque oiseau, chaque insecte est unique, et les décors à l’or sur fond bleu diffèrent à chaque pièce. Ainsi, le goût de cette époque pour l’histoire naturelle se reflète jusque dans les décors de porcelaine. Un autre détail témoigne de ce souci pour le savoir: au revers des objets, une inscription donne le nom de l’oiseau représenté. Si la qualité de ce service est incomparable, d’autres porcelaines portent aussi des décors d’oiseaux ou de plantes inspirés de planches de botanique ou d’histoire naturelle, témoignages du succès de ces motifs.

Au XVIIIe siècle, un repas comportait normalement quatre services: les plats étaient disposés sur la table et les convives se servaient eux-mêmes. Les pièces du service du duc d’Orléans attestent du raffinement de l’art de la table de cette période. On y trouve des assiettes, compotiers, gobelets, coquetiers, théières, salières, sucriers, moutardiers... Pourtant, certaines pièces manquent, principalement les plats: elles devaient être en argent.

L’objet présenté ici, dit «bain-marie», offert par les Amis du Musée de Mariemont, se compose de trois éléments. La partie apparente est une sorte de vase coiffé d’un couvercle. Ce réceptacle contenait de la glace pillée, permettant de maintenir au frais le contenu d’un récipient intérieur en forme de gobelet muni d’une anse.