Aquamanile en forme de lion
Laiton
Long. 32,5 cm
Belgique ou Allemagne du nord
Moyen Âge
XIIe-XIIIe siècle
Inv. P.154
On appelle dinanderie le travail du laiton, alliage de cuivre et de zinc. Contrairement au cuivre rougeâtre, il présente un belle couleur dorée: sa renommée provient tant de son aspect proche de l’or (d’où son nom ancien d’aurichalque) que des mystères qui entourent sa fabrication, attribuée aux alchimistes. Le pays mosan fut, au Moyen Âge, le grand centre de la production du laiton. À Dinant en particulier, situé à proximité de gisements des matières premières nécessaires, les artisans du métal parviennent à maîtriser la fabrication du précieux alliage. Les fondeurs dinantais acquièrent des privilèges commerciaux exceptionnels dans plusieurs pays. L’extraordinaire développement commercial de l’art du laiton à Dinant vaut à cette activité le nom de la ville.
Si les «dinandiers» produisent des objets de la vie courante (pots, poêles, chandeliers...), ils mettent surtout leur renom au service de l’Église, et réalisent de nombreux d’objets à usage sacré comme les lutrins, les chandeliers d’église, les fonts baptismaux...
Le Musée royal de Mariemont conserve une très belle collection d’objets en laiton, à usage sacré et profane: aquamaniles, mortiers, encensoirs, petites sculptures. L’aquamanile présenté ici date du XIIe-XIIIe siècle. Les aquamaniles, accompagnés d’un plat ou d’un bassin, servent à l’origine à laver les mains du prêtre durant l’office. À partir du XIIIe siècle, leur usage se répand dans les palais et parmi l’élite laïque et religieuse: au moment de passer à table, les serviteurs apportent le bassin et l’aiguière pour que les convives puissent se laver les mains, une pratique utilitaire puisqu’on mangeait avec les doigts. Cet usage est également ritualisé et symbolique: l’ordre de présentation de l’aquamanile situe chaque convive dans une hiérarchie bien définie.
Les aquamaniles d’usage profane adoptent souvent la forme d’animaux, les lions étant particulièrement en faveur. Ils représentent le pouvoir, le courage et la justice, selon la même symbolique que le lion dressé en héraldique. Celui-ci tourne la tête pour mieux regarder le convive lorsqu’il se lave les mains. L’anse représente un animal fantastique qui mord l’oreille du félin. Des étoiles gravées ornent l’arrière de la crinière.
Les éléments fonctionnels de l’aquamanile sont peu visibles: une ouverture triangulaire avec couvercle située sur le sommet de la tête permet de le remplir, alors qu’un bec verseur émerge à peine sous la tête de l’animal.