Fibules
Or, argent et grenats
Belgique, Trivières
Période mérovingienne
VIe siècle après J.-C.
Fibules en forme de dragons
Argent doré et grenats
Long. 3,9 cm; larg. 1,9 cm
Inv. X.622 et X.623
Fibule bicéphale en «S»
Argent doré et grenats
Long. 2,8 cm; larg. 2,5 cm
Inv. X.626
Les très belles parures mérovingiennes trouvées en Hainaut, dans les nécropoles de la vallée de la Haine, et, en particulier, dans celle de Trivières, témoignent du haut degré de raffinement de l’orfèvrerie de l’époque. De nombreuses fibules, objets utilitaires (ils servent à fixer les vêtements) et de parure, allant souvent par paires, y ont été retrouvées: en forme d’oiseaux, discoïdes, ansées à tête semi-circulaire ou quadrangulaire... Trois paires se terminent par une tête de dragon stylisé; une rare paire d’oiseaux au bec crochu figurés de manière antithétique représente sans doute deux aigles à la valeur apotropaïque (éloignant le mal). Ces bijoux ainsi que des boucles d’oreilles, bagues, bracelets, colliers, constituent la parure traditionnelle des femmes mérovingiennes occupant un certain rang dans la société.
De nombreux objets d’apparat sont ornés selon une technique et une mode que se partageaient l’Empire romain d’Orient et les «royaumes barbares» de Méditerranée occidentale: le décor cloisonné, qui consiste à sertir des pierres colorées, principalement du grenat, ou du verre dans des alvéoles métalliques. Le procédé, apparu à la fin du Ve siècle, atteint des sommets au siècle suivant. À cette technique polychrome s’ajoute parfois l’usage de filigranes d’or et d’argent.
La richesse de la nécropole de Trivières s’explique vraisemblablement par la proximité d’un domaine princier, une propriété rurale que les Pippinides, «maires du palais» des rois francs aux VIe et VIIe siècles, possédaient sur le territoire actuel des villages d’Estinnes-au-Val et d’Estinnes-au-Mont. Le cimetière s’étendait sur une colline dominant la Haine. Il était sans doute utilisé pour inhumer les habitants de la résidence. Son usage s’étend de la fin du Ve au début du VIIe siècle.
Dès les premières explorations archéologiques à la fin du XIXe siècle, le site a révélé un cimetière mérovingien. Raoul Warocqué, passionné par le patrimoine de sa région (voir p. 22-23), en commandita la fouille d’octobre 1908 à la fin de 1910. Depuis lors, en organisant ses propres fouilles, telles celles menées par Germaine Faider à Fontaine-Valmont et à Thuin notamment et celles aujourd’hui organisées à Havay, le Musée royal de Mariemont poursuit cette volonté de mettre en valeur le patrimoine archéologique régional.