Cette buire, cruche à anse, en verre ambré fut découverte à Peissant (province du Hainaut), en 1949, dans une sépulture contenant de la céramique de la fin du Ier et du début du IIe siècle après J.-C. ainsi qu’une monnaie de Trajan frappée entre 103 et 117. Le corps de l’objet, à base concave, pied profilé, panse tronconique ornée de fines côtes hélicoïdales vers la droite et long col étroit, fut soufflé dans un moule. L’anse coudée se termine par une ornementation côtelée travaillée à la pince et appliquée sur la panse. Cette forme est caractéristique des productions de la région rhénane.

Si le verre est connu depuis des millénaires, les objets les plus anciens en cette matière sont moulés sur une âme en argile. Le verre ne fut soufflé qu’à partir du Ier siècle avant J.-C. La mise au point de cette nouvelle technique a permis une production beaucoup plus massive d’objets en verre que l’on trouve dorénavant en quantités importantes partout en Méditerranée. Des ateliers gallo-romains sont bien attestés tant dans le sud de la Gaule (à Lyon) que dans le nord, en particulier à Cologne. Cette matière sert à produire des objets d’usage courant,
principalement connus par leur second usage en tant qu’offrandes funéraires. À l’époque impériale, le mobilier placé dans les tombes est souvent composé autant de verre que de céramique.

Le verre antique est de mieux en mieux connu, non seulement par des découvertes d’objets de formes variées, mais également par les fouilles d’ateliers de verriers et par celles d’épaves. Ces dernières permettent de mieux cerner le transport et le commerce de verre brut, souvent produit au Proche-Orient: plusieurs épaves contenant des blocs de cette matière ont été découvertes au large de la côte du Midi de la France.

À l’époque impériale romaine, l’artisanat du verre atteint un haut degré de raffinement, et l’on retrouve des objets allant des plus simples (de petits vases à parfum par exemple) aux plus complexes (verre gravé, verre «en dentelle»...), destinés à la table des empereurs. La cruche du Musée royal de Mariemont se situe entre ces deux extrêmes. Elle lui a été offerte, avec l’ensemble du matériel archéologique recueilli sur le site, par la direction du Petit Séminaire de Bonne-Espérance à Vellereille-les-Brayeux.