Dans le répertoire des objets magiques égyptiens, les stèles dites d’«Horus sur les crocodiles» sont réputées pour leur action thérapeutique. Les pouvoirs de guérison d’Horus naissent d’un récit à son sujet. Fils d’Isis et d’Osiris, il est poursuivi par son oncle Seth qui cherche à l’assassiner. Pour le protéger, sa mère se réfugie avec lui dans un marais. Mais un jour qu’elle l’a laissé seul, il se fait piquer par un scorpion. Lorsqu’elle le retrouve, Isis, par ses cris, fait arrêter la barque de Rê, le dieu-soleil, qui traverse le ciel. Thot, le dieu magicien, en descend et par ses sortilèges chasse le poison. Horus, enfant sauvé de la piqûre du scorpion, devient le modèle et le sauveur de tous ceux qui, comme lui, ont été mordus ou piqués par un animal venimeux.

Sur la stèle de Mariemont, Horus est représenté comme un garçonnet potelé, de face, debout sur deux crocodiles croisés, la tête retournée vers l’arrière. Au dessus de l’enfant apparaît la tête de Bès, dieu d’aspect grotesque mais bienfaisant, protecteur des femmes enceintes, de la naissance et de l’enfance.

Pour renforcer le sens de la victoire sur le mal, l’enfant est représenté tenant dans les mains des animaux réputés néfastes: des serpents, des scorpions, un lion et un oryx. Ce dernier, herbivore aux longues cornes, est une des incarnations de Seth, ennemi d’Horus. Le même thème de Seth-Oryx dominé par Horus (Horus de Hebenou) est représenté à gauche de Bès. Lui faisant face, Horus perché sur un hippopotame. De part et d’autre de l’enfant, s’élèvent une haute tige de papyrus surmontée d’un faucon coiffé du pschent (couronne de l’union de la Haute et de la Basse Égypte) et l’emblème de Nefertoum, dieu de Memphis (une fleur de lotus, sur un haut support dont émergent deux plumes). Des textes, gravés sur les faces latérales et arrière de la stèle, viennent compléter la signification de l’ensemble.

Comment était utilisé cet objet ? S’imprégner de l’eau qui avait ruisselé sur les inscriptions magiques gravées sur la stèle et qui rappellent le mythe d’Horus était une manière de s’assurer protection et guérison. Le contact avec l’objet, en particulier la tête de l’enfant, devait également occuper une place importante dans le rituel – soit le magicien touchait la pierre, soit le malade le faisait. Ces gestes étaient certainement accompagnés de la récitation de formules appropriées.