Ce papyrus est un fragment du Livre de l’Amdouat, livre théologique et funéraire. Il raconte par le texte et l’image le voyage du soleil pendant les douze heures de la nuit dans un monde souterrain qui est aussi le royaume des morts (Douat), et les obstacles qu’il doit surmonter afin de renaître à l’aube sous la forme d’un scarabée. À l’origine destiné à l’usage exclusif des pharaons, les premières versions connues du texte ornent les parois des tombes des pharaons Thoutmosis III, Amenhotep II et Amenhotep III: elles sont composées des douze heures, suivies d’une Version Abrégée. À partir de la 3e Période Intermédiaire, on trouve de nombreuses versions manuscrites de ce texte, mais réduites aux dernières heures de la nuit (quatre au maximum), accompagnées généralement d’une version de l’Abrégé, soit complète, soit partielle.

La copie de Mariemont est écrite en rouge et en noir, dans une écriture cursive rétrograde soignée et régulière. Elle comprend un fragment de la 11e heure, et la 12e heure presque complète, ainsi que le début de l’Abrégé. Le texte est disposé en trois registres séparés par deux lignes parallèles. Les figures qui illustrent le manuscrit sont dessinées sans grand détail.

Le propriétaire de ce papyrus reste anonyme: l’étiquette qui précisait son nom manque. Le recensement des propriétaires connus montre cependant que les Livres de l’Amdouat ont été rédigés pour des membres du clergé d’Amon. Sans doute en va-t-il de même des papyrus anonymes comme celui de Mariemont. Parmi les représentations figurées sur le papyrus, on reconnaît des figures divines anthropomorphes et le serpent gigantesque, dénommé «Vie des dieux», que doit traverser la barque de Rê. Cet animal a une fonction régénératrice. Enfin, Rê, ayant reçu une vie nouvelle, prend la forme d’un scarabée et reçoit le nom Chepri «Celui qui devient»: on reconnaît l’insecte, dessiné en noir, à l’extrémité du papyrus. À la fin du périple, se trouve le dieu Chou situé entre le ciel, qu’il soutient de ses bras, et la terre. Seuls sa tête et ses bras étendus sont dessinés. Le scarabée peut maintenant prendre son envol.

Ce papyrus, viatique indispensable au mort, a dû être déposé dans une sépulture. Le récit du périple du soleil a en effet une fonction magique dans le monde égyptien: il assure la «solarisation » du défunt.