En instituant en 1430 l’ordre de la Toison d’or, le duc de Bourgogne Philippe le Bon visait un triple objectif : défendre la foi chrétienne, affirmer son pouvoir princier face aux autres souverains européens, rassembler l’élite de la noblesse bourguignonne autour de sa personne. Le duc cherche à montrer ostensiblement sa puissance en conférant le collier à des chevaliers régnicoles ou étrangers soigneusement sélectionnés. La remise du bijou exige en retour, pour ces grands seigneurs-vassaux, une fidélité à toute épreuve envers le souverain de l’ordre. Ce faisant, Philippe le Bon assurait également aux membres de la Toison d’or d’accroître leur rôle au sein des principales institutions de l’appareil gouvernemental des anciens Pays-Bas. Par la même occasion, cette volonté politique cherche à manifester les fastes de la cour bourguignonne. Les chapitres généraux (tenus entre 1431 et 1559) sont entourés d’un luxe conséquent : les chevaliers portent de superbes costumes de velours, rehaussés du grand collier de l’ordre, les églises où les assemblées ont lieu sont tendues de larges tapisseries, des panneaux armoriés décorent les stalles où prennent place les chevaliers…

Si les objectifs initiaux se sont progressivement transformés au fil des siècles, la Toison d’or reste à ce jour l’un des plus anciens ordres de chevalerie encore en activité. La branche autrichienne – actuellement dirigée par S. A. R. et I. Karl de Habsbourg – a repris la tradition ancienne de rassembler solennellement des chapitres généraux (à Vienne en 2006, à Dijon en 2007…).

Parallèlement à l’histoire proprement dite de l’ordre de la Toison d’or, nos recherches portent également sur les évocations que les artistes en ont livrées jusqu’à nos jours. Nous nous sommes particulièrement  intéressé au grand collier que devaient porter les chevaliers. Par le biais des sources d’archives et des représentations artistiques, principalement dans le domaine de la peinture de chevalet et de la miniature, nous pouvons approcher cet objet dont les plus anciens exemplaires ont, à quelques exceptions près, disparu.

• Gilles Docquier, « D’or et d’émail : les colliers des chevaliers de la Toison d’or durant la période burgondo-habsbourgeoise (XV^e et première moitié du XVI^e siècle) », dans Fondation et rayonnement de l’Ordre de la Toison d’or. Colloque du Chapitre de la Toison d’or. Dijon – 30 novembre-1^er décembre 2007, Dijon, 2008, p. 37-48 (Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 142^bis)

• Gilles Docquier, « Le collier de l’ordre de la Toison d’or et ses représentations dans la peinture des Primitifs flamands (XV^e et première moitié du XVI^e siècle) », dans La Bourgogne au XV^e siècle : la cour et la ville, Dijon, 2009, p. 125-162 (Annales de Bourgogne, t. 80, fasc. 1-2)

• Gilles Docquier, « Sur les traces d’un bélier légendaire : réflexions et hypothèses sur la représentation du collier de l’ordre de la Toison d’or dans quelques manuscrits de la période burgondo-habsbourgeoise, dans Renaud Adam et Alain Marchandisse (éd.), Le livre au fil de ses pages. Actes de la 14^e journée d’étude du RMBLF, Liège, 18 novembre 2005, Bruxelles, 2010, p. 49-73 (Archives et bibliothèques de Belgique, n° spécial 87)