
«Mon siège est mon trône! »
Livre des Morts, ch. 47
Pour s’asseoir, les Égyptiens de l’époque pharaonique, hommes et femmes, adoptent souvent une position naturelle; ils s’accroupissent ou s’agenouillent sur une natte posée à même le sol. Même les dieux se montrent parfois assis, les genoux relevés, tant dans l’écriture que dans les représentations figurées. Toutefois, comme l’atteste le Livre des Morts, les dieux comme les humains vivants ou défunts, disposent d’objets spécialement conçus pour s’asseoir et adaptés à des usages particuliers. La lexicographie témoigne des deux positions: les mots signifiant «s’asseoir» s’écrivent avec le déterminatif du personnage agenouillé ou accroupi sur le sol ou avec celui du personnage sur un siège.
Il ne semble pas que les sièges soient initialement conçus de manière ergonomique. Il ne s’agit pas, au départ, de donner plus de confort à l’utilisateur. Ce dernier s’accroupit parfois sur une chaise comme il le ferait sur une natte. Dès le début, le siège, loin de n’être qu’un simple objet usuel, porte aussi des valeurs symboliques. Il marque une dignité particulière, le statut officiel, le prestige et le pouvoir de la personne assise parmi d’autres qui se tiennent debout, agenouillées ou accroupies.
Le siège semble être d’abord un apanage royal et divin avant d’être partagé dans certaines circonstances par quelques particuliers privilégiés. L’association dominante de cet usage est donc celle d’hiérarchie: le roi et de nombreux fonctionnaires ont des sièges, mais la plupart des gens, en revanche, n’en disposent pas.
L’examen détaillé de l’iconographie, combiné à celui de l’épigraphie des monuments, démontre que le choix d’un meuble n’est pas anodin et ceci, surtout à partir du Nouvel Empire. Les dieux, les rois et les particuliers ne figurent jamais assis sur un siège interchangeable. Les sièges en usage dans l’Égypte ancienne peuvent être étudiés non seulement d’après leurs représentations dans la statuaire, les reliefs et les peintures, depuis l’Ancien Empire jusqu’à l’époque romaine mais aussi à partir des originaux royaux ou privés conservés - essentiellement ceux du Nouvel Empire.
Lectures conseillées :
H.-S. Baker, Furniture in the ancient World. Origins and Evolution 3100-475 B.C, New-York, 1965.
M. Eaton-Krauss, The Thrones, Chairs, Stools, and Footstools from the Tomb of Tutankhamun, Oxford, 2008.
G. Killen, Ancient Egyptian Furniture. I. 4000-1300 BC, Warminster, 1980.
G. Killen, Ancient Egyptian Furniture. II. Boxes, Chests and Footstools, Warminster, 1994