3 octobre 1918
Affiche annonçant l’avis de condamnations en région montoise
Publié en allemand et en français le 3 octobre 1918, cet avis illustre la justice rendue par l’occupant pendant la période de guerre. Il s’agit d’un exemple parmi beaucoup d’autres affiches placardées par les autorités militaires allemandes ou les autorités communales durant le conflit.
À partir de cet exemple, on mesure l’ampleur des peines prononcées à l’encontre des condamnés, destinées à « donner l’exemple » à une population vivant de plus en plus mal les mesures imposées par l’occupant. Six hommes, de modeste condition et provenant tous de la région montoise, sont accusés d’avoir participé à des activités de recel et de revente de matériel et d’effets militaires, peut-être dans le cadre d’une filière de résistance. Certains voient leur peine aggravée pour cause de tentative de corruption auprès des autorités policières. Tous écopent d’une peine de travaux forcés, allant de 14 à 25 mois. Par ailleurs, le commandant de l’Étape de Mons, le comte Andreas von Bernstorff, ordonne la fermeture du café tenu à Mons par Jeanne Marneff, situé rue de Bouzanton, où se serait déroulé ce trafic illicite. L’autorité militaire allemande relaie ainsi – et avalise – la sentence prononcée par le Tribunal de campagne de Mons, présidé par des juges allemands.
25 octobre 1918
Série de timbres austro-hongrois au portrait de l’empereur François-Joseph
Cette série de timbres semble sonner le glas de l’énorme Empire austro-hongrois. Lorsque le conflit éclate, l’Autriche-Hongrie est dirigée par l’empereur François-Joseph, souverain vieillissant monté sur le trône en 1848. Après une série de drames familiaux et les contestations de plus en plus vives dans certaines zones (notamment les Balkans), le monarque est un homme fatigué, usé, mais néanmoins résolu. Le pacte liant l’Empire allemand et l’Empire austro-hongrois depuis 1879 fonctionne dès l’annonce de l’attentat du prince héritier François-Ferdinand (28 juin 1914) ; la marche vers la guerre est lancée. L’optimisme des premiers temps laisse place à l’immobilisme des troupes ou à ses déconvenues, notamment sur le front italien. Parallèlement, l’état de santé du souverain devient préoccupant à l’automne 1916. Aux premiers jours de novembre, le Habsbourg est frappé par une congestion pulmonaire qui s’aggravera rapidement. François-Joseph rend son dernier soupir le 21 novembre, à l’âge de 86 ans et près de 68 ans de règne. C’est son petit-neveu qui lui succède sous le nom de Charles Ier. D’un tout autre tempérament, celui-ci ne peut que constater l’issue catastrophique qui guette ses territoires ; il entame discrètement divers pourparlers de paix, qui n’aboutiront cependant pas. Deux ans plus tard, l’Empire des Habsbourg se délite. L’une après l’autre, ses différentes composantes proclament leur indépendance, face à une armée en pleine déconfiture. La capitulation est actée avec la signature de l’armistice de Villa Giusti (3 novembre 1918). Acculé, Charles renonce au trône, sans pour autant formellement abdiquer. Dès le lendemain, la République d’Autriche est proclamée.
C’est toute la nostalgie d’une époque révolue, celle où François-Joseph incarnait le ciment de la Double Monarchie et l’adhésion des populations de l’Empire, que l’on retrouve dans cette série de timbres. L’émission de 1912, comptant des valeurs échelonnées de 1 Heller à 10 couronnes [1 couronne = 100 Heller – ou Fillér en Hongrie], porte uniquement le portrait du souverain. Durant la guerre, c’est cette série produite pour la Bosnie-Herzégovine qui sera utilisée avec surcharge pour les besoins de la Poste militaire (K.U.K. Feldpost). Dès juillet 1915, une émission propre, sans surcharge, sera mise en service. D’autres variantes à surcharges seront également appliquées pour l’occupation en Italie, au Monténégro, en Roumanie et en Serbie.