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Juillet 1915

28 juillet 1915


Archives Warocqué, n° 9/9, Lettres et demandes (P) 1915.

 

Lettre de la veuve Émile Pévenasse-Loiseau à Raoul Warocqué

Tout au long du conflit, plusieurs familles doivent se réadapter aux exigences du moment sans pour autant parvenir à joindre les deux bouts. Certaines d'entre elles tournent alors vers les plus nantis, espérant que ces derniers fassent preuve de générosité à leur égard. La lettre en question constitue un de ces nombreux cas.

Il s'agit d'une demande d'aide adressée à Raoul Warocqué, alors bourgmestre de Morlanwelz. Nombreux sont ceux qui connaissent en effet la philanthropie du personnage, car il n'hésitait pas à venir en aide à ses concitoyens. Cette veuve explique longuement sa situation précaire, tant sur le plan familial que financier. Dans ce courrier, elle précise qu'elle est veuve depuis peu et que l'argent qu'elle reçoit ne lui permet plus de subsister décemment. De plus, son fils Alfred a été capturé et emprisonné en Allemagne quelques mois plus tôt et, durant sa captivité, il a été soigné dans un hôpital. Après sa sortie, il demande à sa mère une aide alimentaire, ce qu'elle ne peut lui offrir. Mme Pévenasse voudrait donc que Raoul Warocqué fasse le nécessaire pour que son fils, qu'elle considère comme son "gagne-pain", puisse rentrer chez elle. Bien que l'objet de cette lettre concerne sa demande de libération, le texte insiste en particulier sur les problèmes financiers rencontrés par cette dame. Nous ne connaissons cependant pas la réponse apportée par le châtelain de Mariemont. 

Transcription du document:

Morlanwelz, le 28 juillet 1915

Monsieur Raoul Warocqué,

À son château

Je m'excuse de m'adresser à vous mais la nécessité m'oblige. Je suis la veuve Émile Pévenasse de la localité. J'ai perdu mon mari il y a près d'un an, 2 mois après mon unique fils. Mon gagne-pain était obligé de partir soi-disant pour faire son service militaire et depuis le 1er octobre 1914 il est fait prisonnier en Allemagne. J'ai, il est vrai, 3 francs 50 au gouvernement, un petit pain d'une livre pour 2 jours. Vous comprenez, Monsieur Warocqué, que cela ne me suffit pas. J'habite une maison de Mariemont et je donne 10 francs par mois, il ne me reste pas grand-chose. Mon fils sort de l'hôpital en Allemagne, il me demande quelques conserves. Cet enfant était mon soutien, mon gagne-pain. Il travaillait à Mariemont. Que voulez-vous que je lui envoie. Il a 23 ans, sortant de maladie, il me réclame quelques petites conserves. Je suis moi-même malheureuse. Monsieur Warocqué faites svp revenir mon fils, je vous en prie svp. Je suis menacée de vendre mon mobilier si je ne paie pas mes contributions de 1914. Mon mari décédé après un an 1/2 de maladie, atteint d'un chancre, mon fils m'est enlevé. Où aurai-je, Monsieur Warocqué, pour payer 28 francs de contributions. Vous êtes le père de la localité, je vous en prie, ayez pitié d'une pauvre veuve dont les ancêtres ont toujours été pour la famille Warocqué. Soyez indulgent et venez-moi en aide svp. Je n'ose divulguer ma pauvreté, ayant été bien élevée et provenant de bonne famille ancienne. Comptant, Monsieur Warocqué, sur votre charité.

Agréez mes salutations les plus respectueuses.

Veuve Émile Pévenasse-Loiseau.

P.S. Mon fils Alfred Pévenasse, né en 1891 à Morlanwelz et fait prisonnier à Soignies le 1er octobre 1914 en se rendant pour faire son service militaire, après avoir été exempté 2 fois à Thuin.

 


25 juillet 1915

Archives Warocqué, n° 9/8, Lettres et demandes (D) 1915.

 

Lettre de Florent Delcourt, soldat carabinier-cycliste, à Raoul Warocqué

À l'instar des nombreux courriers envoyés au Château de Mariemont par des nécessiteux vivant dans une grande misère en cette période particulièrement difficile, priant Raoul Warocqué à leur apporter un secours financier ou une occupation salutaire, la lettre proposée ici émane de Florent Delcourt, un soldat carabinier-cycliste. Surnommés les Diables noirs (Schwarze Teufel) par les Allemands suite au rôle important qu'ils ont joué lors de la bataille de Halen en août 1914. Leurs attaques, bénéficiant de l'effet de surprise, étaient rapides grâce à leur équipement particulier.

L'utilité de vélocipèdes pour cetaines manoeuvres militaires apparaît dès les années 1880, une première section est créée en Belgique en 1890. Son rôle étant cantonné au service des postes et télécommunications. C'est en 1897 que les cyclistes sont employés à titre de combattants et l'année suivante que la quatrième compagnie des quatre bataillons de carabiniers est transformée en compagnie de cyclistes. En juin 1911, l'infanterie est réorganisée et les quatre compagnies sont regroupées le 1er octobre en un bataillon, le 5e bataillon du régiment de carabiniers. Automne 1913, le Bataillon de carabiniers-cyclistes est rattaché à la division de cavalerie.

Dans sa requête à Warocqué, Florent Delcourt précise qu'il a été blessé "à l'Yser" et qu'il a agi selon son devoir, appuyant par là sa démarche. Le premier bataillon a effectivement participé aux opérations d'Anvers et au rendort du repli, ainsi qu'à la Bataille de l'Yser. 

Transcription du document:

Carnières, le 25 juillet 1915

Monsieur Warocqué,

Je me permets de venir me présenter à votre âme charitable et compatissante. Je soussigné, Delcourt Florent, ai été blessé à l'Yser et ai pu regagner mon foyer par suite d'un échange de prisonniers invalides. J'ai été blessé au bras gauche et suis tout à fait incapable de m'en servir et ne pourrai par la suite continuer qu'à grand'peine à subvenir à mes besoins.

Je prends donc la respectueuse liberté de solliciter un secours de votre habituelle bienveillance. Veuillez croire, Monsieur Warocqué, que vous n'obligeriez pas un ingrat, et que j'ai fait mon devoir, tout mon devoir pour la cause commune.

J'ose espérer que vous voudrez bien donner une suite favorable à mon humble lettre, et vous prie d'agréer, Monsieur Warocqué, l'assurance de mon profond respect.

Florent Delcourt - Soldat au carabinier cycliste

À Monsieur Warocqué - Château de Mariemont

 


16 juillet 1915

Archives Warocqué, n° 40/7

 

Une du Berliner Lokal-Anzeiger

Fondé en 1883, le Berliner Lokal-Anzeiger est l'un des quinze quotidiens berlinois paraissant au début du 20e siècle. Pendant la Première Guerre mondiale, le journal publie un cahier hebdomadaire dédié au conflit. Largement illustré, le Berliner Lokal-Anzeiger propose à ses lecteurs de nombreuses photographies des zones proches du combat. Ainsi, l'édition du 16 juillet 1915 consacre notamment une pleine page aux opérations sur le front de l'Yser. Images à l'appui, le journal tente de démontrer les effets limités des bombardements alliés sur les cantonnements allemands de Westende et Middelkerke. Si ces reportages photographiques accompagnés de brèves légendes, sont destinés à informer la population allemande, ils participent à la propagation d'une image contrôlée et formatée de la situation de l'armée allemande au cours de la Première Guerre mondiale.


Juillet 1915

Inv. Num.1GM.9 et 10

 

Médaille et breloque. G. Devreese, La Cantine du Soldat prisonnier, 1915

Cette médaille en argent rend hommage à l'oeuvre La Cantine du Soldat prisonnier ainsi que le mentionne l'inscription au pourtour de l'avers "LA CANTINE du SOLDAT PRISONNIER - BRUXELLES 1914-1915". Sur cette face, une jeune femme, aidée d'une fillette chargée de plusieurs colis, passe le bras par un guichet. Au revers, un prisonnier enfermé baise la main qui lui a donné la caisse de provisions qu'il tient contre lui. Au revers, la médaille porte la mention "G. DEVREESE", pour Godefroid Devreese (1861-1941), sculpteur et médailleur de renom, à qui Raoul Warocqué commanda plusieurs oeuvres et dont il collectionna un grand nombre de médailles.

La Cantine du Soldat prisonnier fut l'une des oeuvres les plus actives, dans la Belgique occupée, à sauver de la famine les prisonniers en Allemagne. L'envoi de vivres et de vêtements fut autorisé par le gouvernement allemand mais, dans les faits, beaucoup de colis ne pouvaient pas être expédiés et, plus encore, n'arrivaient jamais à destination. C'est dans ce contexte que fut créée La Cantine du Soldat prisonnier en avril 1915. Son principal objectif était de venir en aide aux prisonniers tant par l'envoi direct de vivres que par la mise à la disposition des familles de facilités pour l'expédition des colis. Ainsi fut imaginé un système particulièrement ingénieux de bons de valeurs différentes correspondant à un colis dont la composition était indiquée, ce bon était envoyé au siège de l'oeuvre qui se chargeait ensuite de tout; un service d'accusés de réception fut même prévu. Le succès fut immédiat mais les Allemands mirent par la suite des restrictions croissantes au bon fonctionnement de "La Cantine".

La médaille de grand format - 55 mm - fut interdite par les Allemands; la censure avait estimé que le prisonnier représenté était trop émacié et constituait ainsi une critique à l'égard de l'Allemagne. En revanche, la version de petites dimensions - 28 cm - ici montée en breloque (pendentif), pouvait circuler.


1 juillet 1915

Archives Warocqué, n° 40/7c.

 

Arrête de police interdisant les jeux sur la voie publique à Morlanwelz

Cet arrêté de police, signé par le bourgmestre Raoul Warocqué, vise tout particulièrement la pratique du jeu de balle, de la balle pelote et de la balle au tamis, très en vogue à Morlanwelz dans les premières décennies du siècle dernier. À côté des deux principaux ballodromes de Morlanwelz, Grand-Place et place du Préau (actuellement place Albert Ier), d'autres aires de jeu sont tracées dans les différents quartiers de la commune. Cette décision de l'autorité publique à l'été 1915 reflète l'immense popularité d'une pratique que la guerre ne parvient pas à réfréner, loin d'en faut. De nombreuses luttes sont organisées, notamment dans la région du Centre, afin de récolter des fonds pour des oeuvres philanthropiques.

Ce placard peut être mis en rapport avec une photographie conservée au Musée royal de Mariemont, prise un an plus tôt. On y voit Raoul Warocqué accueillir en son château dirigeants et joueurs de la société de balle au tamis de Carnières-Morlanwelz. Le 23 juillet 1914, l'équipe locale vient en effet de remporter le prestigieux tournoi du Sablon, à Bruxelles, sous les yeux du roi. Nous sommes à quelques jours du déclenchement des hostilités.


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